Wednesday, 1 February 2017

"Excuse me, do you speak English?"

Twenty years ago today I appeared in an article entitled "Excuse me, do you speak English?" which was published in a local newspaper, "Le Quotidien".

Following the results of a nationwide poll in which 61% of French people declared they spoke a foreign language (30% said they spoke fluently), I had been contacted a few days prior by a journalist who wanted to test the English ability of some places on Reunion Island: hotels, tourist offices, an airline, a bank, the Chamber of Commerce, etc. I called them up from the journalist's office  and pretended to be a tourist or businesswoman who spoke no French and who was visiting or planning to visit the island (the photo is of me on the phone). 

Most of the people I spoke to had quite a lot of trouble holding a conversation in English, but almost all of them showed willingness to help, even if it wasn't easy for them. Two decades later the level of English might have improved somewhat, but I consider overall the situation is possibly about the same. What do you think?

"Excuse me, do you speak English ?" article in Le Quotidien


If you understand French, here's the full text of the article:


« Excuse me, do you speak English ? »

L'USAGE DE L'ANGLAIS TESTE PAR UNE FAUSSE TOURISTE

Selon un récent sondage Ipsos, 61% des français déclarent connaître une langue étrangère, et 30% d'entre eux disent la maîtriser couramment. Ils arrivent en tête des nations européennes, si on se fie à ce sondage. Nous avons voulu tester les connaissances des Réunionnais en anglais, notamment dans les milieux du tourisme, en faisant appel à une jeune femme de nationalité britannique. Une imposture qui en dit long...

Soixante et un pour cent des Français disent maîtriser une langue étrangère, et ils seraient même les champions du bilinguisme en Europe. Voilà qui a de quoi intriguer, quand on connaît la réputation qu’ont nos compatriotes dans ce domaine. Et à la Réunion ? Les efforts de développement du tourisme ont-il porté leurs fruits en ce qui concerne la maîtrise de l’anglais, langue de communication internationale ? C’est ce que nous avons voulu vérifier, avec la complicité de Catharine Smart, 26 ans, sujet Britannique, établie à la Réunion depuis cinq ans, à la recherche d’un emploi dans l’import-export, et, bien entendue, parfaitement bilingue. Catharine est donc pour l’occasion une touriste anglaise qui ne parle pas un mot de français, et qui cherche à obtenir des renseignements sur la Réunion auprès des différents organismes de promotion touristique de l'île.

Premier appel : l'office de tourisme de Cilaos. Catherine explique qu elle est en vacances à la Réunion, et qu’elle cherche à avoir des renseignements sur le cirque et ce qu’on peut y faire. « Slowly, please », tempère une voix au bout du fil. 

Saint-Gilles, le must 

La jeune femme demande comment elle peut se rendre à Cilaos.  « You must take the bus ». Et que peut-on faire d’intéressant à Cilaos ? « Ben, you passe in the office de tourisme », répond la voix féminine, de plus en plus en difficulté. Une difficulté qui augmente quand il s'agit de donner les horaires d'ouverture de l'office. 

-13 heures. 

-What’s « 13 heures » ? 

- (Silence). Thirteen... 

-You mean one o'clock ? 

-Yes. 

Commentaire après coup de notre « testeuse » : » Ils ne sont pas très forts avec les horaires. Mais ils sont capables de donner des renseignements ». Premier point positif : même si la conversation a été laborieuse, l'interlocutrice de Cilaos a fait de son mieux, et a répondu en anglais. Notre touriste a pu avoir des renseignements. 

Deuxième essai à l’office de tourisme de l’Ouest, à Saint- Gilles. La standardiste se défausse rapidement sur une voix masculine. 

-I'd like some information. 

-You’re in Saint-Denis ? Take the bus frome the bus station. Then. from there, take the line A, B, or C. And you ask for the stop. 

Mais est-ce que le conducteur de bus parle anglais ? 

- (Rires) No ! 

L’interlocuteur de Catherine ira jusqu'à épeler, avec l'accent, le nom Amandine pour lui indiquer où se trouve l'office. L’office de tourisme de l'Ouest récolte au niveau de l'accueil en anglais une très bonne note. « Il est très bien. On sentait en plus une volonté de vouloir aider », commente notre fausse touriste. 

Hôtels pas au top 

Un petit tour du côté des hôtels. Prestigieux, si possible. On commence par le Créolia, à Saint-Denis. Catharine, censée appeler de Maurice, veut réserver. 

-For how many time ? 

-For how long, you mean. 

-Wait a minute. 

Suit une pénible énumération des tarifs, avec notamment une confusion entre 17 (seventeen) et 70 (seventy). Questions, conciliabules, répétitions... L’échange a été, là aussi, plus que laborieux. « Pour un hôtel quelconque, ça ne m’aurait pas choqué. Mais je trouve que pour un hôtel de ce standing, c'est un peu léger », analyse Catharine. 

Qu’à cela ne tienne. On va tester un autre hôtel. Tiens, l'Archipel, à Saint-Gilles, qui affiche fièrement ses trois étoiles. 

Après que Catharine ait énoncé sa demande de tarifs en vue de la réservation d’une chambre, on sent, à l’autre bout du fil, la panique s’installer. Après un laconique « euh... excuse me », un silence de 20 bonnes secondes suit. Extrait d’une conversation qui aura duré au total une bonne dizaine de minutes : « Euh... wane night... with breakfast... euh... for four hundred forty five... Franc. Ok ? Because... euh... ». La conversation a été très difficile, surtout pour le réceptionniste, qui n’a pourtant pas ménagé ses efforts pour satisfaire aux demandes de la touriste. Laquelle commente : « Ce n'était pas terrible, mais ce n'était pas vraiment de sa faute. Il était obligé de faire plusieurs choses en même temps. On sent qu’il est débordé. D'un autre côté, je me met à la place d'un touriste, je ne serais pas du tout impressionnée par cet hôtel ». 

Mafate en anglais 

Notre touriste de circonstance appelle ensuite la Maison de la montagne, pour recueillir une moisson d'informations sur Mafate. 

-I want to speak to somebody about going to Mafate.

-Just a moment, please.

Musiquette de circonstance, puis une voix masculine prend le relai. Catharine réitère sa demande.

-yes, wait a minute.

Remusiquette Puis voix féminine. Catharine repose encore sa question...

-Sorry more quickly, please

Notre interlocutrice demandait à Catharine... d’aller plus vite. S'ensuit un chassé-croisé fait de malentendus et d’approximations. Malgré, là encore, toute la bonne volonté et la patience de l’infortunée employée de la Maison de la montagne. Catharine s'en sortira avec les numéros de téléphone des compagnies d'hélicoptère, et une invitation à passer à la Maison de la montagne dès son arrivée à la Réunion. Poussant la cruauté à son comble, Catharine demandera à son interlocutrice d'épeler « Hélilagon ». Un exercice périlleux, auquel se livrera péniblement cette dernière. Mais soyons juste. A part des approximations de langage et un accent français terrifiant, l’employée de la Maison de la montagne a compris les questions de Catharine, et s'est employé à y répondre le mieux possible.

« Du point de vue d’un touriste, c’est dur», commente pourtant notre Britannique.

Le coup du fax

Changement de décor. Catherine est une femme d'affaires anglaise qui veut ouvrir une affaire d’import-export à la Réunion. Elle téléphone de Maurice tout naturellement à la Chambre de commerce pour savoir si elle peut obtenir des aides gouvernementales pour l’ouverture d’une société à la Réunion. La standardiste, entre deux morceaux de Cascavel, cherche désespéremment le bon interlocuteur en ponctuant ses recherches de « Hold on the line » et de « wait a minute please ». Deuxième interlocutrice. Même topo.

- I give you a phone number where you can call. Le numéro de téléphone du service du commerce extérieur » (silence, puis suit un numéro, et un nom). Efficace et polie, l’interlocutrice de la Chambre de commerce, qui ponctuera même la conversation d’un « You're welcome », équivalent d'un « Je vous en prie ». Assez rare pour être souligné.

Catharine s’exécute et compose le numéro. La dame au bout du fil semble avoir du mal à saisir la complexité de la demande de notre femme d'affaires. Mais s'en tire fort bien en demandant à celle-ci d'envoyer un fax. « For your request », précise-t-elle.

« Peut mieux faire »

Pas si mal au niveau vocabulaire. Et un bon moyen d’envoyer la balle en louche. Mais encore une fois, la courtoisie est au rendez-vous.

-C’est vrai qu elle a le temps de prendre son dictionnaire », commente Catharine.

Catharine change de peau et veut désormais ouvrir un compte bancaire. Elle choisit la BFC-OI, au hasard dans l’annuaire. Une employée, après un « wait a minute » affolé, renvoie l'appel sur un responsable. 

-Oh, you speak very quickly, I don't understand you. 

-l’m sorry. 

-You want renseignement ? 

-Sorry ? 

-What do you want ? 

-I would like to open a bank account. 

-Open an account. You must come with us... 

-Where are you exactly ? 

-You know rue Maréchal Leclerc ? 

And so on... Le banquier, qui ne s’en est finalement pas si mal tiré, demandera à sa future cliente de passer faire un tour dans les locaux de la banque. Comme la plupart de nos interlocuteurs, il a eu beaucoup de mal avec les horaires d'ouverture. Et a buté longtemps sur le « lunch time », quant il fût question de savoir si la banque faisait journée continue ou non. « Il a fait de son mieux, mais peut mieux faire. Ce qu'on remarqué avec tous les gens, c'est qu’ils oublient les petites politesses. On n’entend pas beaucoup de « please », « thank you »... Ils ont envie de se débarrasser de la corvée le plus vite possible », commente Catharine.

Notre fausse touriste appelera aussi Air Austral, qui travaille, rappelons-le, essentiellement sur l’Afrique du Sud, l’Australie, Maurice... Catherine souhaite aller en Afrique du Sud. 

« I'm ready. Euh, I dont speak English very well, but I try to do my best », dit en préambule une jeune fille d’une voix gênée. Et effectivement, elle fera de son mieux. Un anglais scolaire, certes, mais une bonne volonté à toute épreuve. Décidemment, la Réunion n’en est pas encore au stade du bilinguisme. L’anglophone qui débarque sur nos rivage a intérêt à s'armer de patience. Mais pas une fois durant notre imposture Catharine ne s’est fait raccrocher au nez, ni signifier une fin de non-recevoir. Et, à chaque appel, on lui a répondu avec courtoisie en anglais. Même si l’usage de la langue de Shakespeare était approximatif. Si l’on doit retenir le côté positif de ce test empirique, c'est sans doute qu’à la Réunion, l'accueil est devenu une vraie valeur. Reste à travailler les langues étrangères.

Journaliste : François GILLET




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